Le magasin des chiens et des che
était un grand magasin à rayons. En y entrant pour la première fois, je sus
immédiatement que le choix serait difficile. Sur les étalages se tenaient des
dizaines et des dizaines de chiens et de che de toutes les grosseurs et de
toutes les couleurs. Petits, moyens, gros, blanc, noirs, gris, bleus, verts. Je
me dirigeai vers la section des che. Après avoir erré un certain moment en
observant tous les modèles disponibles, un vendeur se dirigea vers moi.
–Avez-vous besoin d’aide, mademoiselle?
–Oui, je cherche un petit che.
Le jeune homme me répondit :
-Ah, parfait, ici, nous sommes dans la rangée des moyens che. Suivez-moi,
les petits sont par là.
Nous nous dirigeâmes donc vers la
rangée des petits che. Ceux-ci avaient l’avantage d’être flambant neufs. Les
moyens et les gros comportaient certains modèles usagés, et je ne voulais pas
prendre le risque de me retrouver avec un bris qui ne serait pas couvert par la
garantie.
Les plus dispendieux étaient en or
et me fixaient tendrement. Malheureusement, je n’avais pas les moyens de
m’offrir un tel luxe. Le vendeur me demanda le prix que j’étais prête à payer
pour mon nouveau petit che, et je lui expliquai que je voulais un modèle
robuste, de bonne qualité, mais que ceux d’or et d’argent étaient trop chers
pour mon budget. Il me suggéra alors trois modèles intéressants. Le Très très
sale était blanc et gris. Le Petite chatte blanche était tout blanc. Le Petit
tapuscrit était tigré avec un air coquin.
–Pourquoi celui-ci est en spécial? Demandai-je en désignant le Très très
sale, affublé d’une étiquette rouge.
–C’est le dernier exemplaire, m’expliqua le commis en ajoutant qu’il
avait été revu et amélioré, et que la manufacture leur enverrait une pleine
cargaison du nouveau Très très sale+ d’ici la fin de la semaine. Comme le
Petite chatte blanche me semblait un peu fragile, et que le modèle Petit
tapuscrit m’avait l’air un brin tannant, j’optai pour le Très très sale. Après
tout, celui-ci était en spécial. Je le pris et le déposai dans mon panier.
–Avez-vous besoin d’autre chose?
–Non merci, ce sera tout.
Lorsque je déposai le petit che sur
la caisse, celui-ci se mit à marcher. Avant qu’il ne se rende trop loin, je le
pris et le redéposai au centre du comptoir. La caissière scanna le côté du che
–BIP- et m’indiqua le montant total. Je payai, puis elle agrafa la facture à
son oreille. Le petit che protesta légèrement : -Miou!
–Voulez-vous un sac? Me demanda la caissière.
–Oui s’il vous plaît, ce sera plus facile pour le transport.
Elle déposa le petit che dans un
sac, qu’elle me remit en me spécifiant que les papiers relatifs à la garantie
se trouvaient à l’intérieur. Je la remerciai et quittai le magasin, contente de
mon achat.
En arrivant à la maison, je
dégrafai la facture de son oreille, et celle-ci se déchira légèrement. –Miou,
protesta le petit che. C’est alors que l’idée de son prénom me vint tout
naturellement et je décidai de le baptiser : « Mais qu’est-ce qui est
arrivé à l’oreille de ce che? » Malheureusement, la garantie ne couvrait
pas ce type de dommages : elle ne couvrait que les défauts de fabrication,
et en endommageant moi-même les petites oreilles en papier de mon nouveau che,
je venais d’annuler la garantie.